Embarquement, 13h
Après un briefing de navigation tout à fait comparable à ce que l’on ferait chez nous, l’heure du départ a sonné ! La rivière est large et volumineuse, mais la première partie est plutôt plate, au coeur d’un environnement intensément vert.
On aperçoit de nombreux buffles dans les champs.
Premier gros rapide
Après une demi-heure de navigation, nous approchons le premier gros rapide ( « Stop Picture » si mes souvenirs sont exacts). Et il est plutôt costaud. Nous effectuons un arrêt repérage en rive gauche. Nous comparons nos idées de lignes avec mes deux compagnons d’aventure, et c’est finalement la passe à l’extrême gauche qui l’emporte.
Il y a trois énormes trous, avec des rappels, dans lesquels je n’ai pas vraiment envie de me mouiller les dreadlocks !
Il me semble que la ligne de gauche est l’option poule mouillée (chicken line), mais j’apprendrai plus tard dans la journée que les niveaux d’eau sont gros pour la saison, et que lorsque c’est inférieur, il passent au milieu du rapide.
Après-midi de rêve
La suite s’avère plutôt sympathique, avec une dizaine de rapides classe V à volume.
Nous débarquons à nouveau pour repérer les lignes : il y a pas mal de gros trous et de jolis rappels.
Aux avirons, Denny nous positionne très bien.
À l’avant, Greg et moi envoyons la sauce quand notre barreur nous le demande.
À la sortie de l’un des rapides, il y a un rappel en plein milieu, qui ne paie pas de mine par rapport à tout ce que l’on vient de passer. Nous arrivons droit dedans, avec un bateau lourd et pas suffisamment de vitesse.
Résultat, le rappel commence à nous sucer en arrière !
Ça y est : on est en plein dedans ! Le raft commence à secouer dans tous les sens.
L’arrière tourne et commence à se mettre sur la tranche. Nous nous jetons à l’avant avec Greg et essayons de prendre l’eau le plus loin possible. Nous faisons un bon contrepoids, le bateau retombe à plat et se remet dans l’axe, toujours aspiré par l’arrière.
Nous redoublons d’efforts pendant que Dany attrape une sangle accrochée à la pointe arrière du bateau, saute devant avec nous et tire de toutes ses forces dessus pour libérer l’arrière. Nous ramons de plus belle et le raft sort enfin du rappel. C’est l’euphorie à bord : nous ne sommes pas passés loin, mais avons fait le job !
À peine le temps de laisser exploser notre joie que nous voici repartis pour un nouveau rapide classe cinq. Nous en enchainons encore deux ou trois, puis la rivière se calme et Denny me laisse barrer aux avirons dans un petit rapide classe II et sur le plat qui suit.
La technique est intéressante, même si au début j’ai l’impression de ressembler à un enfant de quatre ans qui essaie de manger du nasi goreng (riz frit, plat typique indonésien) avec des baguettes. Finalement, après quelques centaines de mètres, je commence à choper la technique. Je barre sur environ 2 km avec mes deux compagnons à l’avant.
Débarquement, village de Bau, 17h15
En fin d’après-midi, nous débarquons en rive droite, dans un champ qui mène à une très jolie petite ferme typique. Il y a des buffles d’eau partout. Nous descendons un peu en dessous de la maison et il m’installent comme un roi, une chaise face à la rivière.
Ici, la rivière Ma’supu se jette dans la Sa’dan en rive droite.
Denny m’explique qu’il a repéré cette rivière (classe II-III) il y a quelques semaines et l’ajoutera peut-être à ses prestations prochainement.
Cela fait trois mois qu’il n’a pas plu dans le secteur. Les nuages restent bloqués par la montagne située juste au-dessus, ce qui crée une situation tendue pour l’alimentation du bétail.